Il y a 20 ans, un jeune Grec a changé l’image d’une région vinicole de son pays.
Par Guy Bertrand
Apostolos Thymiopoulos est apparemment une homme très patient. Paradoxalement, son succès a été météorique!
Élevé sur la terre de son père, à Trilofos, dans l’ouest de la partie grecque de la Macédoine, il voit son grand-père et son père faire de la viticulture en vouant un grand respect à la terre et à l’environnement.
C’est sans doute ce qui le pousse à aller étudier l’œnologie à l’Université d’Athènes, d’où il revient en 2003 pour faire évoluer la viticulture de ces ancêtres vers la vinification.
Mais pas n’importe comment…
Il faut d’abord savoir que dans la région de Naoussa, à cette époque, la plupart des viticulteurs abandonnent la culture de la vigne au profit d’arbres fruitiers, particulièrement les pêchers, dont la récolte est jugée plus lucrative.
Plusieurs des vignobles qui sont en place ont déjà délaissé les cépages autochtones au profit d’autres vignes dites « internationales », en espérant conquérir un plus large public.
Tout cela n’est pas pour Apostolos.
Travailler le Xinomavro
« Pour lui, c’était vraiment important de travailler le (cépage auctochtone) Xinomavro, à Naoussa, parce que c’est l’essence de cette région », nous dit Anna Demay, gestionnaire marketing et communications chez Œnopole, agence représentant le Domaine Thymiopoulos au Québec.
« Il a vraiment un amour prononcé pour la vigne, ajoute Anna. Dans ses champs, on voit des poules, des moutons, Il y a quelque chose de très très vivant dans ce qu’il fait. (…) Quand les vignerons comme lui ont commencé à pousser les cépages autochtones, c’est devenu une évidence. Donc, les vins qu’(Apostolos) a commencé à faire étaient différents et plus en harmonie avec leur terroir. »
Mettre Naoussa sur la « map »
Dès les premières cuvées, les vins de Thymiopoulos reçoivent un accueil chaleureux des plus grands critiques internationaux, dont ceux qui écrivent pour les réputés sites Web de Jancis Robinson et Robert Parker.
On compare ses cuvées à ce qui se fait de mieux en Bourgogne ou dans le Piémont. Robinson, elle même, écrit en 2019: « Thymiopoulos peut se vanter d’avoir transformé nos perceptions de Naoussa. (…) Plutôt que d’être lourds et un peu astringents, les rouges de Thymiopoulos sont frais et ont un bon potentiel de garde. Tracer un parallèle avec un Barolo n’est pas farfelu. »
« Il l’a mis sur la map, renchérit Demay. Aujourd’hui, Naoussa c’est beaucoup Thymiopoulos. »
« Il expérimente, il n’arrête jamais, c’est un hyperactif. C’est quelqu’un qui essaie des choses nouvelles et qui remet toujours tout en question. »
-Anna Demay
Gestionnaire marketing et communications chez Œnopole
Hyperactif au point où il possède aujourd’hui deux vignobles, l’un situé à son village natal de Trilofos, et le second, à l’ouest, au pied du Mont Vermio.
Un rubis à découvrir
Alors, ces vins, ça ressemble à quoi?
Acheté il y a un peu plus d’un mois et oublié dans le cellier, j’ai ressorti cette semaine ce Xinomavro Jeunes Vignes 2020. Ne connaissant pas le producteur, je n’avais aucune attente.
Première constatation, cette éclatante couleur rubis qui saute aux yeux. Puis, une subtile note de tomates séchées au nez et ce fruit en bouche qui rappelle une cerise bien mûre. Un délice qui s’est marié à la perfection avec notre recette maison de bœuf Shawarma.
Je me suis dit que je devais avoir investi une trentaine de dollars dans ce nectar.
Eh bien, surprise! Ce magnifique vin se trouve en SAQ pour seulement 19 dollars. C’est sans l’ombre d’un doute, l’un des meilleurs rapports qualité-prix présentement disponibles.
Le Xinomavro Jeunes Vignes est un assemblage de plusieurs parcelles de ses vignobles en plus d’autres grappes achetées chez ses voisins. « Il en a fait beaucoup pour la région nous dit Anna. Il a été un des premiers à travailler en biodynamie et il a encouragé d’autres producteurs à le suivre de façon à ce qu’il puisse s’approvisionner chez eux. Et lorsqu’il le fait, il achète à un prix juste. »
Le premier vin d’Apostolos
Apostolos Thymiopoulos a produit son premier vin en 2005. Baptisé Terre et Ciel, celui-ci va devenir sa cuvée phare.
Fort de notre expérience avec le Jeunes Vignes, nous nous sommes donc procuré une bouteille du 2020, disponible à la SAQ au coût de 32,50 $.
Encore une fois, l’expérience a dépassé nos attentes. On comprend les comparaisons bourguignones. Produit à partir de vignes de 45 ans d’âge, il est doté d’un fruit éclatant, il est frais et offre une longue finale. Le Terre et Ciel s’est montré un compagnon parfait pour nos côtelettes d’agneau et les asperges grillées qui les accompagnaient.
Un vin noté 18++ par Julia Harding, de Jancis Robinson.com, qui pourrait en plus, selon elle, tenir la route pour une douzaine d’année. On peut donc parler ici d’une réelle aubaine!
Et pour cet été?
Oui, le domaine Thymiopoulos produit aussi un rosé… dont il reste présentement trois bouteilles au Québec. C’est parti tellement vite que nous avons appris l’écoulement des stocks à notre interlocutrice d’Œnopole!
Mais attention, bonne nouvelle, on attend une autre livraison pour cet été. À 20,60 $, ce n’est pas seulement un vin d’apéritif. Il a la réputation de tenir son bout à table et aurait aussi un fort potentiel de garde.
« Ses rosés, il les commercialise presque un an et demi plus tard que les autres producteurs, explique Anna. Présentement, la plupart des rosés sur les tablettes sont des 2022. C’est souvent ça (le rosé): des vins qui sont à peine terminés au moment de commercialiser. Lui, il travaille sur le 2021. Il va prendre le risque d’attendre parce qu’il veut que le vin soit exactement comme il a envie que les rosés soient. »
Vous voilà donc avertis! Restez vigilants pour ne pas manquer cette deuxième livraison du rosé de Xinomavro 2021. En fait, si j’étais vous, je m’abonnerais à l’infolettre de l’importateur. Parce que si c’est comme la première livraison, il ne faudra pas cligner des yeux!
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