Dans le coin gauche…

À partir de lundi, Pier-Alexis Soulière et Carl Villeneuve-Lepage se frotteront à l’élite mondiale lors du XVIIe Concours du meilleur sommelier du monde, à Anvers. À quoi ressemblera la compétition pour nos deux Québécois? Voici un aperçu.

Par Guy Bertrand

Ils sont 66 candidats, dont une demi-douzaine de femmes. Ils représentent 63 pays, puisque trois de ces pays ont deux candidats (Canada, Japon, Lettonie), mais ne sont pas nécessairement natifs ou même citoyens de la nation dont ils défendent le drapeau.

Certains sont très jeunes comme la Kazakh Dayana Nassyrova (21 ans), d’autres ont passé le cap de la cinquantaine, comme le Monégasque Bruno Scavo, doyen du concours à 58 ans. Plusieurs en sont à une première expérience, d’autres en seront à une quatrième participation.

Qui sont les favoris?

Voici une liste bien personnelle des principaux candidats au titre, après examen de leur Curriculum Vitae, par ordre alphabétique.

Daniele Arcangeli, Italie

Monsieur Arcangeli a été sacré meilleur sommelier d’Italie en 2014 et 2015. Ce sera sa première présence sur un plateau international, un gros désavantage. Cependant, il a travaillé pour plusieurs grandes tables. Vous pouvez le rencontrer aujourd’hui au Fat Duck (3 étoiles Michelin), de Bray, au Royaume-Uni. Son maître à penser est Giuseppe Vaccarini, meilleur sommelier du monde en 1978.

Loic Avril, Australie

Un Français bien loin de sa patrie, Monsieur Avril s’est distingué en étant choisi meilleur jeune sommelier de France en 2007, meilleur jeune sommelier du monde de la Chaîne des Rôtisseurs en 2013, et a terminé deuxième du meilleur sommelier du Royaume-Uni en 2014. Lui-aussi a passé par de grandes tables étoilées et il œuvre présentement au Dinner by Heston Blumenthal de Melbourne.

David Biraud, France

Clairement un favori. Ce sera une quatrième présence sur la plus grande scène de la sommellerie pour Monsieur Biraud. Il a déjà deux podiums à son actif (troisième en 2010, au Chili, et deuxième en 2016, en Argentine) en plus de faire les demi-finales au Japon, en 2013. Il compte deux médailles d’argent au concours européen (2010 et 2013) et une de bronze en 2017. Il est chef-sommelier du restaurant « Sur Mesure » de Thierry Marx, au Mandarin Oriental de Paris.

Martin Bruno, Argentine

Monsieur Bruno a la particularité d’avoir été pris en sandwich entre Pier-Alexis Soulière et Carl Villeneuve-Lepage sur le podium du dernier meilleur sommelier des Amériques (2018). Il est le meilleur sommelier d’Argentine en titre, et en sera à une seconde participation au concours mondial. Il est propriétaire du Bebé Vino wine shop de Buenos Aires et ambassadeur du géant Pernod Ricard, en Argentine.

Julie Dupouy, Irlande

Française d’origine, Madame Dupouy en sera à sa troisième présence au concours. Elle avait d’abord terminé 13e en 2013, au Japon, avant de monter sur la troisième marche du podium en 2016, en Argentine. La musicienne aussi amateur de crossfit, a aussi bien fait au concours européen avec des huitième et septième places en 2013 et 2016 respectivement. Elle est présentement sommelière au Chapter One de Dublin (1 étoile Michelin). Une excellente candidate.

Antoine Lehebel, Belgique

À première vue, Monsieur Lehebel ne devrait pas figurer sur cette liste, mais n’oublions pas que c’est un concours jugé qui se déroulera en Belgique. Cela dit, il a de solides certifications et une belle performance est tout à fait envisageable. Il a terminé son Diploma de la WSET en 2017 et a sa certification Advanced du Court of Master Sommelier. mais son C.V. ne montre aucune expérience en compétition internationale. Meilleur sommelier de Belgique 2014, il est présentement au Bon-Bon de Bruxelles (deux étoiles Michelin)

Fabio Masi, Suisse

Il est né à Milan et en sera à une troisième présence au meilleur sommelier du monde après des demi-finales en 2007, en Grèce, et 2010, au Chili. Monsieur Masi compte aussi un titre de meilleur sommelier de Suisse et un autre de meilleur sommelier d’Italie. Il est chef-sommelier de l’Hôtel des Bergues, de Genève.

Satoru Mori, Japon

Un autre vétéran de la scène internationale, Monsieur Mori participe à un quatrième concours du meilleur sommelier du monde. Demi-finaliste en 2010, au Chili, il a enchaîné avec une présence en quarts de finale à Tokyo en 2013, avant de prendre la huitième place de la compétition de 2016, à Mendoza. Il a aussi enlevé le titre de meilleur sommelier de la zone Asie-Océanie, en 2009. Le Japonais est chef-sommelier à l’Hôtel Conrad, de Tokyo.

Piotr Pietras, Pologne

Un des rares compétiteurs à détenir sa certification de Master Sommelier. Il a obtenu une dixième position au Mondial d’Argentine en 2016, et une médaille d’argent au Concours européen en 2017. Il est un des trois candidats à avoir mérité le titre de meilleur jeune sommelier de la Chaîne des Rôtisseurs (2017). Le Polonais est co-propriétaire et sommelier du Winkolekcja, à Varsovie.

Iulia Scavo, Roumanie

Voilà une candidate intrigante. Notre maître ès harmonies et médaillé de bronze du concours mondial de 1995, François Chartier, me l’avait identifiée comme une possible championne lors du Somm360, de l’automne dernier, à Montréal. C’est sa troisième présence. Elle a été demi-finaliste en 2010 et s’est hissée au 5e rang en 2013. Ajoutez à cela sa médaille de bronze au meilleur sommelier d’Europe de 2013 et terminez le tout avec le titre de Master of Port en 2017, où elle devenait la première femme à mériter le titre. À surveiller, très certainement.

Raimonds Tomsons, Lettonie

C’est le meilleur sommelier d’Europe de 2017, un titre qu’on ne lui a pas donné. La compétition était si relevée qu’il a fallu accepter quatre participants plutôt que trois pour la finale. Monsieur Tomsons a dû s’imposer devant David Biraud, Iulia Scavo et Piotr Petras. Du gros calibre. Le Letton de 38 ans a aussi pris la septième place au concours mondial de 2016. Il est chef-sommelier chez Vincents, à Riga.

Eric Zwiebel, Royaume-Uni

Un autre Français expatrié, Monsieur Zwiebel est peut-être le dernier de cette liste, mais comme le veut le cliché, certainement pas le moindre. Ce Master Sommelier a été finaliste au concours mondial de 2007 et il a aussi pris le quatrième rang en 2013. De plus, il compte des médailles de bronze aux concours européens de 2006 et 2008. L’Alsacien d’origine a fait ses premier pas dans le métier avec Serge Dubs, meilleur sommelier du monde en 1989, et est présentement propriétaire du Summer Lodge Country House, en Angleterre.

Pier-Alexis Soulière et Carl Villeneuve-Lepage

Où se situent nos Québécois vis à vis ce groupe? Assez avantageusement. On l’a déjà dit, Pier-Alexis est Master Sommelier et meilleur sommelier des Amériques en titre, en plus d’avoir gagné le meilleur jeune sommelier de la Chaîne des Rotisseurs en 2014. Carl a remporté le dernier championnat canadien, a terminé troisième aux Amériques en 2018 et est en voie de passer son Master Sommelier.

Élyse Lambert, cinquième au concours mondial de Mendoza, en 2016, connaît bien les deux hommes. Elle a accepté de les comparer pour nous: « Ce sont deux candidats qui sont fondamentalement différents. Pier-Alexis est très réservé, focus, privé dans sa façon de faire les choses. Même si je m’étais mise à sa disposition pour lui donner un coup de main, il a toujours voulu faire les choses de son coté et il avait une très bonne équipe du coté de Québec. C’est un globe-trotter. Il a beaucoup voyagé et a un bon réseau. C’est quelqu’un qui va très bien performer dans ce concours-là parce que il a une expérience un peu plus internationale en plus d’avoir passé au travers de quelque chose comme le Masters Sommelier. »

Élyse Lambert, Master Sommelier et 5e au monde en 2016.

« Carl, c’est quelqu’un qui a beaucoup de talent, quelqu’un qui est une bonne personne, c’est du bonbon d’être autour de cette personne-là. Je l’ai vu grandir là-dedans (elle l’a recruté au Local où ils ont travaillé ensemble pendant cinq ans). Maintenant, il vole de ses propres ailes, il n’a plus besoin de moi. (…) Je sais qu’il va aller loin, il a déjà pris de grosse bouchées dans les dernières années. Je suis vraiment fière de lui. »

Reste que les deux vont participer au Concours du meilleur sommelier du monde pour la première fois. Quels pièges doivent-ils éviter? « Aujourd’hui, les médias prennent beaucoup, beaucoup de place. Des fois trop, à mon avis. Donc, il ne faut pas trop s’éparpiller dans les médias sociaux et le bruit qu’il y a autour. Je sais que Pier-Alexis a toujours été à son affaire et assez discret par rapport à ce genre de choses, mais Carl aurait pu tomber là-dedans. Je ne sais pas jusqu’à quel point il a fait attention à ça. Je pense que l’expérience du Concours des Amériques l’aura aiguillé là-dessus. Il faut aussi rester focus et pas se laisser distraire une fois rendu là-bas. Donc, savoir pourquoi on est là et rester dans sa bulle. Je pense que les gars sont prêts et je pense qu’ils vont faire le top 10. »

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