Ça sent le printemps…

La sève remonte, et le rosé se montre le bout du nez!

Par Guy Bertrand

Coucou! Ben oui, le Polyblogue est de retour! Après 26 mois de jachère, il semble que le temps soit venu de replanter les graines de l’écriture dans ces virtuelles pages, trop longtemps laissées dormantes. Alors, pour ce retour, je vous propose un texte sur quelques vins parce que je sais que c’est le sujet qui vous intéresse le plus ici.

Mardi dernier, la société d’importation privée Rézin, souvent citée sur ce blogue, organisait une dégustation dans son nouveau repère de la rue Beaubien, logiquement appelée la Buvette Beaubien (je vous reparle du resto à la fin du texte).

En plus du plaisir de revoir quelques sommités québécoises de l’oenologie, j’ai eu le privilège de déguster neuf vins, parmi lesquels j’ai retenu cinq flacons qui devraient vous intéresser.

Comme d’habitude, j’ai pris soin de votre portefeuille le plus possible dans mes choix.

La curiosité

D’abord, parlons de cette curiosité qu’est le Pinot Gris Rosé du Domaine de Reuilly.

Curiosité, car c’est l’un des deux seuls rosés français 100% pinot gris offerts à la SAQ, l’autre étant le Bourguignon Athénaïs de Béru, peu abordable à 55,50 $ la bouteille.

Curiosité aussi parce que le bon roi Dagobert (oui, oui, celui de la chanson) a fait pousser les premières vignes de la région au 7e siècle. On s’entend qu’avec les difficultés que lui faisaient son pantalon, ce n’est pas lui qui s’en occupait mais plutôt les moines de l’Abbaye royale de Saint-Denis.

Présentateur de la soirée, le sympathique et passionné sommelier Patrick Blondin nous apprend d’abord que le Domaine de Reuilly est maintenant propriété de Denis Jamain, un précurseur de l’appellation (Reuilly) puisqu’il a été le premier à passer au bio (2007) puis en biodynamie (2011). De plus, il est reconnu comme celui qui a mis Reuilly sur la carte, en réservant une large partie de ses produits au marché de l’exportation.

Cela dit, il travaille aussi plutôt bien. Ce rosé, donc composé à 100 % de pinot gris, est extrêmement rafraîchissant et offre de belles petites notes de petits fruits rouges, tout en demeurant bien sec. Parfait pour l’apéro et les charcuteries qui pourraient l’accompagner, il fera aussi bonne figure à table avec des crevettes grillées, le saumon sur la planche ou une pizza.

À 23,95$, on s’entend que ce n’est pas le rosé le plus abordable, mais de temps en temps, il faut savoir se gâter!

Après les moines, les Ursulines

Je constate avec consternation que je ne vous ai jamais parlé du Domaine Mourgues du Grès, pourtant une de mes maisons préférées. Je n’ai JAMAIS goûté un de leurs vins que je n’ai pas aimé.

Ça ne change pas avec ce Terre d’Argence 2021, issu de ces terres exploitées par les Ursulines de Beaucaire à partir du XVIe siècle. En consultant le profil du domaine, via le site web de Rézin, on apprend d’ailleurs que mourgues est le terme provençal qui désigne les religieuses.

En reprenant le domaine de son père, François Collard a replanté du viognier sur les plus belles parcelles de la propriété. Et ça nous donne notamment ce très beau blanc aux notes d’amandes et de miel, composé à 50% de viognier, 35 % de petit manseng et de 15 % de roussanne.

Un pitti rouge, les amis?

Gerhard Pittnauer est un jeune prodige. Ou plutôt était. C’est que dans les années 80, après le décès soudain de son père, le jeune Gerhard s’est retrouvé à la tête du domaine familial à seulement 18 ans.

Il a relevé le défi de brillante façon, si bien qu’on le considère aujourd’hui comme un avant-gardiste en Autriche.

Composé à 50-50 de Zweigelt et de Blaufränkish, et élevé en vieux foudres, le Pitti de Pittnauer est fait pour ravir vos palais et on peut en abuser un peu plus car il tire à seulement 12,5 % d’alcool… en plus d’être offert à petit prix (18,15 $).

Ne vous laissez pas impressionner par sa quantité de sucre résiduel (7,7 g/l). Le résultat est très équilibré, et le sucre résiduel ne contribuera pas à l’augmentation de votre tour de taille, comme l’avait clairement expliqué la sommelière Véronique Rivest dans un article de La Presse, en 2021.

Au diable la machinerie

C’est à l’aide de bêtes de somme que l’on cultive la vigne à Laderas de Montejurra. Le propriétaire, Emilio Valerio, était avocat spécialisé en causes environnementales avant de revenir dans le village de sa jeunesse pour se lancer dans la culture de vignobles et d’oliveraies.

Le village s’appelle Dicastillo et est situé sur les flancs du Montejurra qui culmine à 1000 mètres d’altitude en Navarre.
Son vin éponyme est un petit bijou de saveurs et me fait penser que ce n’est pas encore tout à fait le printemps. Donc, un petit plat mijoté est encore parfaitement envisageable et celui-ci se marierait parfaitement à cette trouvaille.

Le coup de cœur des experts

Parmi la brochette d’experts (dont je ne me réclame pas), l’unanimité a semblé se faire autour du Brouilly 2020 de Georges Descombes.
Pas que je ne l’ai pas aimé, au contraire, mais à 32 $ il est un peu en dehors de la brochette de prix des vins que je vous propose normalement.

Cela dit, le bonhomme a une histoire assez intéressante. J’y reviendrai sûrement éventuellement.

La buvette

Si vous passez dans le coin, la Buvette Beaubien, où nous étions donc réunis, constitue un arrêt à inscrire sur votre « bucket list ».
Un endroit charmant, doté d’un personnel chaleureux, qui offre une gamme de petits plats du genre tapas, bien que n’ayant très peu à voir avec la cuisine espagnole.
Ne passez pas à côté du gravlax de saumon qui est tout simplement… MIAM!

Côté bar, on propose des vins d’importation privée (principalement de chez Rézin, mais aussi d’autres agences), des cocktails et des bières québécoises. N’hésitez pas à demander conseil, les gens de la buvette connaissent très bien leurs produits.

Plaisir assuré à prix abordable!