Une bien belle bouteille du Languedoc
par Guy Bertrand
Rares sont les saisons de grillades qui ne voient pas arriver sur notre table quelques bouteilles du Languedoc. En fait, ça n’arrive jamais! J’adore ces vins qui me donnent l’impression de me transporter sur des terroirs inondés de soleil. Une gorgée et on entend presque les cigales!
On s’assurera désormais de compter parmi eux quelques bouteilles de Grès de Montpellier du Château l’Argentier, un des meilleurs rapport qualité-prix de la SAQ. Et quand je parle de rapport qualité-prix, j’entends ici que la qualité l’emporte haut la main!
D’abord, permettez-moi de faire un peu votre éducation avec une petite information que je viens moi-même de découvrir. Je ne serai donc pas le seul, du moins je l’espère, à me coucher moins ignorant, ce soir!
Je disais donc que, selon le Petit Larousse des vins, la zone Grès de Montpellier de l’appellation Languedoc se distingue dans sa partie orientale par la présence de gros galets et de… poudingue! Je vous vois tout de suite imaginer cette pâte plus ou moins liquide faite de farine, d’œufs, de lait, de fruits confits et de rhum imaginée par les grands esprits culinaires britanniques. Eh bien, non! Mais quand même un peu. Le poudingue (à ne pas confondre, donc, avec le pouding) est une roche sédimentaire détritique de la classe des rudites, composée de galets arrondis réunis par un ciment. Aussi simple que ça.
C’est tout pour l’aspect scientifique de cet article. Concentrons-nous maintenant sur les gens. Situé sur la commune de Sommières, le Château de l’Argentier est acheté par Madame Paule Martin-Granel en 1937. Celle-ci en confie l’exploitation à ses fils, André et Raymond.
La fille de ce dernier, Élisabeth et son mari François Jourdan vont s’en porter acquéreurs en 1983, même si François est Bourguignon de naissance. Comme quoi les Languedociens ne sont pas xénophobes. Et grand bien leur fasse, puisque le jeune couple est engagé dans la reconversion de la région.
« Nous avons été parmi les premiers à croire au renouveau du Languedoc, nous écrit François via courriel. Élisabeth et moi avons repris le domaine avec un seul objectif: sortir de la cave coopérative et produire notre propre vin. »
À l’époque, le vignoble comporte 17 hectares de vignes, du Cinsault, du Carignan mais surtout de l’Aramon, « un cépage réputé pour faire de gros rendements et pas forcément de bons vins rouges, précise le Bourguignon. »
Le couple commence la conversion en plantant du Grenache en 1983, cépage auquel ils ajoutent du Syrah et du Mourvèdre au cours des années subséquentes. On s’assure cependant de garder des parcelles d’Aramon, idéal pour la production de rosé, les vieilles vignes de Carignan noir plantées dans les années 30, tout comme celles de Cinsault qui datent de la fin des années 60.
Élisabeth et François quittent finalement la cave coopérative en 1990 et produisent leurs premières cuvées après avoir réhabilité l’ancienne cave du château. « À l’époque, nous vinifions en grappes entières, se remémore François, ce que nous avons abandonné en 1994 après avoir acheté un égrappoir. La qualité des vins a été transformée! »
Dans tous ses crus, François Jourdan cherche à valoriser le terroir et le fruit. « Je me suis toujours interdit d’utiliser des fûts. Les élevages sont réalisés sur une durée de 24 à 36 mois, en cuve de béton. »
Les premières bouteilles de Grès de Montpellier ont été produites en 2011. Son assemblage est fait de Grenache, dans une proportion de 60 à 70%, selon les années, auquel sont ajoutés 10 – 20% de Syrah et de Carignan (proportions de 65%, 18% et 17% respectivement pour la cuvée actuelle, selon la fiche de la SAQ).
Le couple de vignerons offre aussi un pur Carignan au Québec, dont l’inventaire est malheureusement presque déjà entièrement épuisé. Par contre, Élisabeth et François aimeraient bientôt pouvoir nous présenter une cuvée de pur Cinsault ainsi que leur Languedoc Sommières.
Je me permets ici un souhait personnel. Espérons que nous aurons la chance d’obtenir aussi quelques bouteilles de leur rosé composé entièrement à partir de ces vignes d’Aramon qui sont « sur une parcelle d’argile rouge et de sable, exposée au Nord, ce qui permet d’obtenir chaque année, un magnifique rosé doté d’une belle acidité et d’une grande finesse. » François, vous m’avez convaincu. Je suis preneur!
Château l’Argentier – Grès de Montpellier 2015
Code SAQ : 12797521
Degré d’alcool : 14%
Prix : 19,75$
Je ne prétends pas être un œnologue ou un expert de la chose vinicole. Je suis un amateur, passionné, mais amateur tout de même. Donc, dans cette chronique, je vous présenterai les vins que Madame ma conjointe et moi-même aurons apprécié – toujours dans une brochette de prix qui tourne autour des 20$ et disponibles à la SAQ – avec quelques notes sur les producteurs. Ne cherchez pas de cote d’appréciation. Si le vin est ici, c’est que nous l’avons aimé. Aussi simple que ça!
T’es ben bon mon Guy. J’ai envie d’essayer toutes tes bouteilles. Et puis tu racontes toujours la petite histoire. Sympa! Je ne te connaissais pas ce talent. Un de plus finalement. xxx
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Trop aimable ma belle amie. Je suis content que ça te plaise. 😎
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Une belle découverte, merci!
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Un grand plaisir Sister! 😎
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