Beaucoup de lecture et de choses à voir pour l’humanité, 50 ans plus tard!
Par Guy Bertrand
Bay View, Maine, 16 juillet 1969, 09 h 31:50
¨10, 9 – ignition sequence starts – 6, 5, 4, 3, 2, 1, 0, all engines running – lift off – we have a lift off! »

Installé aussi près de la télé que ses parents le lui permettent, le petit garçon regarde la fusée trembler et commencer à grimper tant bien que mal vers le ciel. « Mon Dieu, elle est croche! » se dit-il. Non, elle de se redresse et s’arrache à l’attraction terrestre dans un tourbillon de feu.
Vite, il se lève, et court à l’extérieur devant les adultes interloqués. Aussitôt dehors, il regarde vers le ciel en souhaitant de toutes ses forces obtenir la chance de voir passer la fusée Saturn V et de saluer ses passagers, Michael Collins, Buzz Aldrin et son idole, Neil Armstrong.
50 ans plus tard…
La Lune a une odeur. C’est avec ses mots que le réputé magazine Smithsonian (édition de juin) ouvre sa couverture du 50e anniversaire d’Apollo 11.

On y explique qu’en retirant leur équipement, après leur première marche lunaire, Armstrong et Aldrin ont aussitôt remarqué une nouvelle odeur dans l’habitacle du LEM (Lunar Excursion Module). « Comme de la cendre humide », remarque le premier, alors que le second évoque le feu d’artifice qu’on vient de faire exploser.
Mais ce superbe article va bien plus loin que cette banale constatation (qui ne l’est pas tant, on le verra plus tard). Replaçant l’événement dans son contexte, le journaliste Charles Fishman nous explique comment l’idée d’envoyer un homme sur le satellite terrestre, avant la fin des années 60, pouvait apparaître absurde le 25 mai 1961, lorsque le président John F. Kennedy en fit la demande officielle au Congrès américain.
Il rappelle que les États-Unis n’avaient alors absolument aucun des outils nécessaires pour seulement démarrer le projet.
Contrairement aux jeunes enfants de l’époque qui, comme moi, étaient fascinés par l’aventure, Fisher démontre bien la vive opposition soulevée par cette idée partout chez nos voisins du sud. Du simple citoyen aux anciens présidents, en passant par les scientifiques eux-mêmes, les protestations étaient fortes au point de faire douter Kennedy lui-même. Le programme spatial avait coûté 1 million de dollars à la NASA en 1961. Cinq ans plus tard, le coût était passé à huit millions… par jour!
Si vous avez un seul article à lire sur le rêve lunaire de John Kennedy, l’aventure extraordinaire d’Apollo 11, les années 60, la guerre froide et les réels enjeux d’embarquer dans « la plus grande aventure jamais tentée par l’homme », c’est celui-ci. Solidement documenté, bien écrit. Bref, c’est bon!
Plus près de nous…
Mais c’est en anglais… Si vous n’êtes pas en mesure de lire dans la langue de l’autre solitude, l’édition de samedi de La Presse+ offre un dossier complet présenté par Philippe Mercure et Mathieu Perreault (aussi dispo sur le web). J’ai particulièrement aimé les petites notes biographiques sur chacun des astronautes du programme Apollo et l’article sur la contribution du Québec à la première expédition sur le sol lunaire. Une contribution qui avait de belles jambes! Lisez avant de sauter aux conclusions.

Le magazine français Science & Vie a publié un numéro hors-série pour souligner les 50 ans d’Apollo 11. Beaucoup de contenu ici aussi que l’on peut retrouver en ligne moyennant quelques sous. On vous offre présentement l’abonnement pour un euro par mois, abonnement que vous pouvez résilier en tout temps, sans frais. C’est bien peu pour accéder à ce petit coffre au trésor: 44 chroniques lunaires (à ce jour – il y en aura 50 au total) incluant des vidéos, accès à l’édition numérique du magazine hors-série qui est très bien faite et qui vous propose un petit quiz vrai ou faux sur le programme Apollo.
Selon vous, l’ordinateur de bord du module lunaire était plus ou moins puissant que votre téléphone intelligent? Je ne vous donne pas la réponse, mais je vous révèle que l’ordi d’Apollo avait la capacité de ne jamais « planter »!

Vous savez qu’il y a encore des gens qui croient que la Terre est plate et que la conquête de la Lune n’a pas eu lieu. Une chance que nous avons les gens de l’Agence Science-Presse pour remettre les pendules à l’heure. Pascal Lapointe règle le cas ici.

L’édition juillet-août du magazine de la Royal Astronomical Society of Canada, SkyNews, propose quelques articles sur les liens canadiens du programme Apollo, dont le témoignage d’un audacieux jeune montréalais de 15 ans (à l’époque) qui a réussi à assister au départ d’Apollo 11, bien installé aux meilleures places disponibles sur le site, au beau milieu de la presse internationale! Malheureusement pas accessible en ligne.

Quel était le nom du premier être vivant à visiter l’espace? Si vous avez répondu Laïka, vous êtes un crack de l’exploration spatiale. La petite chienne a malheureusement péri dans l’aventure comme vous l’apprendrez si vous consultez le dossier de National Geographic.

À l’aide de magnifiques graphiques, on vous explique l’évolution des modes de propulsion des fusées de même que celle des combinaisons spatiales des astronautes.
Ceux-ci ont rapporté 842 livres de roches lunaires au cours des missions Apollo, mais saviez-vous qu’ils ont aussi apporté avec eux quelques curieux objets, quelquefois au nez et à la barbe de leurs supérieurs?
Si vous lisez jusqu’au bout, vous apprendrez que les Américains semblent bien près d’un retour dans l’espace, avec leur propres fusées qui seront lancées de leurs propres rampes de lancement. Vous saurez également où en sont les projets de tourisme spatial et où nous en sommes par rapport à une première visite sur Mars.
Je ne vous surprendrai pas si je vous écris que le numéro de juillet du magazine BBC Sky at Night présente aussi un dossier très étoffé, dont un instructif papier sur les sites d’alunissage choisis pour les missions Apollo et un autre sur l’ambitieuse mission sur Mars qu’avait imaginée Wernher von Braun, l’ingénieur allemand derrière la création de la fusée Saturn V. La plupart du contenu est en ligne, sauf pour l’article sur mars que je n’ai pas trouvé.

Si vous allez fureter sur le New York Times, où on vous demandera peut-être de vous abonner (gratuitement), vous pourrez voir une intéressante galerie de photos, un article sur les talents de géologue de Neil Armstrong qui se sont avérés très importants pour la suite des choses, et un autre sur les dangers de la vie sur la Lune. C’est dans celui-ci que vous découvrirez que la poussière lunaire mentionnée précédemment ne sentait pas seulement mauvais, elle était aussi dangereuse. Composée d’éclats de silice, cette fine poudre pouvait apparemment couper comme un couteau.

Sur l’ancien petit écran devenu grand
À la télé, RDI propose des documentaires sur Apollo 11 dans le cadre des Grands Reportages du 16 au 20 juillet inclusivement.
PBS offre des épisodes d’American Experience et de Nova consacrés à la conquête de l’espace pour la soirée du 16 juillet, et le prometteur documentaire de la BBC, 8 Days: To the Moon and Back, le lendemain à 21 h.
Enfin, vous pourrez voir le documentaire Apollo 11, le 20 juillet à 21 h, sur CNN. Produit notamment par la division films du réseau, ce montage de visuel quelquefois inédit de la NASA, tourné en 70 mm, a été acclamé par la critique dès sa première diffusion au dernier festival de Sundance. Regardez la bande-annonce. Ça semble spectaculaire! Aussi disponible en location sur Apple TV si vous ne pouvez pas attendre.
Retour au 16 juillet 1969
À l’extérieur du chalet, le petit garçon a toujours les yeux tournés vers le ciel.

« Guy, qu’est-ce que tu regardes? » lui demande sa maman qui vient de le rejoindre.
« Je veux voir passer la fusée… »
« Je pense qu’ils ont peut-être pris un autre chemin… »
« Ouais, on dirait… »
« Tu vas quand même les voir marcher sur la Lune dans quelques jours… »
« Je le sais… Tu sais quoi M’man? »
« Quoi? »
« C’est quand même ma plus belle journée de fête à vie! »

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