Elle est venue, elle a vu… mais n’a pas encore vaincu. Que nous réserve l’avenir après le passage de Greta?
Par Guy Bertrand
« Le changement arrive, si vous le voulez ou non. »
Greta Thunberg, Montréal, 27 septembre 2019
Ses partisans les plus acharnés l’ont associée à Jeanne d’Arc. À l’autre bout du spectre, des politiciens l’ont ridiculisée, plusieurs chroniqueurs aussi. On dit qu’elle n’est qu’un petit robot, qu’elle est manipulée par des adultes. On a tout faux.

Greta Thunberg n’est ni sainte, ni robot. Elle n’est pas non plus le messie. L’adolescente que j’ai vue à Montréal, à quelques mètres de moi, n’est que ça… une adolescente. Mais une ado charismatique qui a une voix percutante, dérangeante, qui nous secoue dans notre si confortable apathie.
« Votre nation est supposément un leader du climat. La Suède est aussi supposément un leader du climat. Dans les deux cas, ça ne veut absolument rien dire parce que dans les deux cas, ce ne sont que des mots vides de sens. »
Greta Thunberg, Montréal, 27 septembre 2019

« Pour qui se prend-elle? »
L’homme qui se tient à mes cotés au bar n’a rien d’un gars d’extrême droite. C’est un citoyen moyen, d’une cinquantaine d’années qui se dit en faveur de la lutte aux changements climatiques.
« Si elle était plus posée, plus réservée, il me semble que son message passerait mieux, ajoute-t-il. » La femme assise à ses côtés approuve.
Les deux en ont particulièrement sur la façon dont la jeune Suédoise a interpelé les dirigeants du monde réunis à l’ONU en début de semaine. Et leurs critiques en rejoignent bien d’autres, beaucoup plus virulentes.
En parlant d’elle et de la frayeur qu’elle lui inspire, un éditorialiste du Figaro fait référence à l’embrigadement dans les jeunesses hitlériennes et maoïstes! Le président français l’invite à aller manifester en Pologne. Un journaliste américain, invité à Fox News, la décrit comme une jeune déficiente mentale suédoise. J’en passe, et des biens pires…

Qui a peur de Greta?
Pourquoi Greta Thunberg irrite-t-elle autant les adultes qu’elle décrie?
Parce qu’elle a raison.
Nous savons collectivement depuis longtemps que l’environnement devrait être placé au cœur des priorités planétaires. Dès juillet 1962, la biologiste américaine Rachel Carson lançait un cri d’alerte contre l’utilisation des pesticides et les dangers d’empoisonnement pour les humains, la faune, la terre, les aliments et l’eau. À l’époque, son livre Silent Spring avait causé un grand émoi chez les producteurs de pesticides.
« Madame Carson n’écrit pas comme une scientifique mais plutôt comme une fanatique du culte de l’équilibre de la nature. »
P. Rothberg, président de la Montrose Chemical Corporation of California
Extrait d’un article du New York Times du 22 juillet 1962
57 ans plus tard, malgré plusieurs études scientifiques démontrant les dangers reliés à ces poisons, ils sont toujours largement utilisés.

Depuis, d’autres études se sont multipliées sur une multitude de sujets, tous plus inquiétants les uns que les autres, et de plus en plus alarmistes au fil du temps.
Malgré tout, nos dirigeants continuent à mettre des plasters sur le bobo et reportent constamment l’adoption de plans sérieux et concrets qui s’attaqueront véritablement à la crise.

« On dit que je suis hystérique mais je lis la science et je sais qu’on s’en va directement dans le mur. »
Dominic Champagne, instigateur du Pacte pour la transition, en entrevue au Polyblogue après la manifestation de vendredi
What does Greta want?
Qu’est-ce que Greta attend de vous? Comment vous ne le savez pas encore? Elle se tue pourtant à le répéter…
Greta ne vous demande pas d’abandonner votre voiture. Elle ne condamne pas vos motoneiges. Elle se fout éperdument du nombre de steaks que vous bouffez par année.

Tout ce qu’elle veut, et elle l’a encore répété vendredi, c’est que les dirigeants de la planète écoutent les scientifiques et qu’ils prennent des engagements réels et concrets qui éviteront qu’on se retrouve globalement dans le mur.
Or, ceux-ci continuent à l’ignorer.
Comment changer ça? Cette fois la balle est dans votre cour.
Nous sommes en pleine élection fédérale. Portez-vous à la rencontre des candidats de votre comté, demandez-leur des comptes, forcez-les à mettre de la pression sur leurs chefs respectifs pour que ceux-ci réagissent.
Et espérez que l’un d’eux ait le courage de se lever et de prendre le flambeau.

« Nous ne sommes pas à l’école aujourd’hui et vous n’êtes pas au travail aujourd’hui parce que ceci est une urgence et nous ne resterons pas sur les lignes de côté. Certains disent que nous gaspillons le temps que nous devrions passer à l’école. Nous disons que nous changeons le monde pour que nous puissions regarder nos enfants dans les yeux, lorsque nous serons plus vieux, et leur dire que nous avons tout fait ce qui était en notre pouvoir. Parce que c’est notre devoir moral et nous n’arrêterons jamais de nous battre pour notre planète et un avenir sécuritaire… pour notre avenir.
Greta Thunberg, Montréal, 27 septembre 2019
L’avenir
Vous avez aimé écouter Greta à Montréal? Vous avez été transporté par cette vague d’amour pour la planète?

Vous pouvez continuer à faire votre part en délaissant un peu votre voiture, en mangeant un peu plus local, en recyclant, en compostant.
Mais SURTOUT, continuons à nous opposer aux décisions absurdes comme le troisième lien de Québec, demandons plus de transport collectif, et abstenons nous de critiquer lorsque des mesures environnementales sérieuses viendront un peu bousculer nos habitudes de vie.
Donnons l’espoir d’un avenir à nos enfants et petits enfants…
Et rendons son adolescence à Greta!

Merci de ton article Guy. J’y étais et c’était tout à fait comme ça !
Je me permet d’ajouter un petit mot: jusqu’en 1998 on fumait partout et maintenant qu’on a férocement resserré les règles personne n’en est mort (…des règles en tous cas). Avec le pétrole il faut faire la même chose; il faut informer, légiférer et taxer pour en réduire l’usage. Cette méthode a fait ses preuves, ce n’est qu’une question d’échelle, avec le pétrole ce sera juste plus gros. Ce sera aussi un gros sevrage mais on devrait survivre…
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Et ça ne se fera pas un jour, mais je suis entièrement d’accord avec toi. Il faut commencer maintenant!
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T-E-L-L-E-M-E-N-T d’accord !!!!!!!
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Et maintenant, 2022…rien n’a changé…je désespère…
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