Démocratie : Système politique, forme de gouvernement, dans lequel la souveraineté émane du peuple.
Définition du Larousse
Par Guy Bertrand
La démocratie ça ne se vit pas seulement au niveau des pays, états ou provinces. Ça se vit aussi en microcosme, dans votre quartier, votre arrondissement, votre village ou votre ville.
Et le seul moyen de faire vivre cette démocratie, à quelque échelle que ce soit, c’est en sachant ce qui s’y passe. En étant informé. À moins d’avoir le don d’ubiquité, l’unique façon de s’informer correctement passe donc par un média qu’il soit local, régional, provincial ou national.
La démocratie dans le concret
Concrètement, ça se traduit par les infos qui suivent, toutes trouvées à l’intérieur d’une période de 24 heures sur les quotidiens du Groupe Capitales Médias, aujourd’hui menacés de fermeture. Voyez plutôt…
Une dame de Gatineau voit son compte de taxes exploser en raison d’un nouveau règlement de la ville qui ne la touche pas vraiment. Le chroniqueur du Droit, Patrick Duquette, s’empare de l’histoire et la dévoile au public.
Ça ne garantit en rien que la dame obtiendra justice, mais ça jette un éclairage sur le côté obtus de l’application de certains règlements et ça met certainement le conseil de ville dans l’embarras.
Vous avez une question à poser à un élu de Shawinigan lors d’une prochaine assemblée publique? Vous devrez arriver préparé. Guy Veillette, du Nouvelliste, explique comment le processus d’intervention citoyenne va changer le mois prochain.
Si vous habitez Chicoutimi, vous êtes certainement concernés par l’aménagement de la zone ferroviaire. Pierre-Alexandre Maltais, du Quotidien, a eu vent que deux des trois groupes qui ont déposé des projets dans ce dossier s’étaient rencontrés pour explorer la possibilité de travailler ensemble.
Les résidents de Sherbrooke sont sans doute heureux d’apprendre que l’entreprise québécoise Coveo, spécialisée en intelligence artificielle, va s’installer chez-eux. Jonathan Custeau, de La Tribune, a obtenu la primeur de cet investissement de 1,5 million de dollars qui créera cinq emplois dans la région.
Les parents d’écoliers qui envoient leurs enfants à l’école Saint-Vincent-Ferrier, de Bromont, sont un peu inquiets aujourd’hui après avoir lu l’article de Pascal Faucher, de La Voix de l’Est. Il se trouve qu’une annexe au bâtiment principal qui devait accueillir des étudiants dans une semaine est dans un état lamentable en raison d’infiltrations d’eau.
Ces histoires ne vous touchent peut-être pas directement aujourd’hui, mais ce n’est qu’un microscopique échantillon du travail remarquable effectué par ces journalistes en région. Des histoires que vous ne pourrez jamais (ou très rarement) lire sur les écrans de La Presse+, dans les pages du Devoir ou celles des journaux de Québecor. Et pourtant, un jour, un de ces articles affectera votre vie de manière importante.
Votre voix
Comme on l’a vu pour la dame dont le compte de taxes a explosé, votre journal local ne sert pas qu’à vous informer. Il peut aussi être votre voix dans la communauté. Cette petite roche qui vient se loger dans le soulier de l’élu qui, se présentant chez un commerçant local, se fera dire: « franchement Georges, tu ne trouves pas que vous exagérez à la ville? »
Cette même voix que le Nouvelliste accorde aux 996 personnes de Trois-Rivières qui demandent à être exclues de la Zone d’intervention spéciale mise en place par le gouvernement Legault.
Oui, ça pourrait être votre voix. Vous le locataire exaspéré qui habite ce logement insalubre que son propriétaire refuse de rénover, vous le commerçant qui s’estime mal servi par sa municipalité, vous qui jugez que la signalisation de votre quartier est dangereuse pour vos enfants.
Le nerf de la guerre
De toutes les solutions proposées pour sauver ces médias régionaux depuis le début de la semaine, aucune ne sera viable si les citoyens – c’est-à-dire vous – ne s’impliquent pas. Et malheureusement, cette implication a un coût, de l’argent qu’il faudra sortir de vos poches si vous ne le faites pas déjà.
Combien êtes-vous prêts à payer pour savoir comment vos élus municipaux gèrent vos taxes, comment les écoles de votre localité s’occupent de vos enfants, ou simplement lire que de nouvelles opportunités d’emplois s’ouvrent pour vous?
C’est là, le véritable nerf de la guerre. Être informés de ce qui se passe chez-nous pour pouvoir prendre des décisions éclairées sur notre avenir. Simple, non ?
On pourra avoir toutes les promesses de subventions ou de programmes gouvernementaux que l’on veut, si le citoyen n’est pas prêt à sortir les cinq à sept dollars hebdomadaires demandés pour un abonnement, ça ne vaut même plus la peine d’en parler.
Le prix de la démocratie
Pensez-y! Cinq à sept dollars par semaine pour avoir des yeux au conseil municipal; pour être mis au courant de changements qui auront un impact direct sur votre vie; pour connaître les initiatives qui pourraient améliorer ou nuire à votre milieu; pour découvrir des talents locaux, suivre votre équipe locale, bref, savoir ce qui se passe chez-vous!
Cinq à sept dollars par semaine pour préserver une institution aussi importante que le Soleil, à Québec. Pour préserver une pluralité des voix dans la capitale de notre province.
« La propagande est à la démocratie ce que la matraque est à la dictature », écrivait l’intellectuel américain Noam Chomsky, dans son essai Media Control.
Sans une presse indépendante et libre, vous ouvrez la voie aux pires abus et vous vous amputez-vous même d’un important levier de pouvoir.
Il faut être aveugle, imbécile ou rechercher la polémique à tout prix pour ne pas le voir.
Cinq à sept dollars par semaine…
Voilà un bien petit prix pour faire vivre une démocratie, vous ne trouvez-pas?