De génération en génération
par Guy Bertrand
Au bout du fil, le rire arrive chaleureux, vivant, respirant le bonheur. Maria Castro aime le vin, elle aime la terre et elle adore en parler.
La fille d’Alvaro Castro touche à tout dans le vignoble. Ventes, marketing, vendanges et vinification, rien ne lui échappe. Le mot passion est trop faible pour décrire sa relation avec la vigne. Le vin, c’est sa vie.
« Nous pourrions avoir les certifications bio me dit-elle mais je me refuse à inscrire ça sur nos bouteilles. Maintenant, les gens utilisent ça pour vendre plus de vin. »
« Chez-nous, le bio on le vit. On ne pourrait pas imaginer faire des vins autrement. Je ne vois pas pourquoi je m’en vanterais. C’est la seule façon de faire! »
LA RÉGION
La famille Castro a deux quintas et un autre vignoble dans le Dão, au centre du Portugal, soit Pellada, Saes et Outeiro. Cette région encore peu connue ici fait pousser des vignes depuis la nuit des temps. « Je ne serais pas surprise d’apprendre que les Romains ont été les premiers à planter des vignes ici, raconte Maria. »
Les quintas de Pellada et de Saes ont été établies au XVIe siècle par les ancêtres de la famille. « La plus vieille preuve de l’exploitation d’un vignoble à Saes remonte à 1527. Nous avons un document qui démontre que 80 barils de vin avaient été vendus à l’époque. »
LES COOPÉRATIVES DE SALAZAR
Pour ce qui est de l’ère moderne, c’est le grand-père de notre interlocutrice qui a pris la relève de la Quinta da Pellada au XXe siècle.
Agostinho Castro n’a cependant jamais produit de vin en raison de règlements imposés dans les années 50 par le gouvernement d’António Salazar qui encourageaient fortement à vendre la production de raisins aux coopératives.
L’abolition de ces règlements, en 1989, permet à son fils, Alvaro, de commencer la production au domaine.

Après avoir embouteillé pendant une dizaine d’années à partir des récoltes de Saes et Pellada, celui-ci prend de l’expansion en 2002 en louant d’abord la parcelle d’Outeiro avant d’en faire l’acquisition en 2004. En tout le domaine, compte maintenant 60 hectares répartis sur les trois propriétés.
Le vin dont il est question dans cet article est fait à partir des parcelles cultivées à Outeiro et a une place spéciale dans le coeur de Maria. « J’aime vraiment ce vin. Il est vraiment typique de la région. Les vignes qui sont plantées à 550 mètres d’altitude lui procurent cette belle acidité et cette belle longueur en bouche. Les sols granitiques lui ajoutent une touche minérale et il a le potentiel pour garder la route pendant cinq et même dix ans. »
PAS DE GROSSES AMBITIONS
La famille Castro est représentée au Québec par RéZin. « Nous avons rencontré Jean-Philippe (Lefebvre) à Bordeaux. Nous nous sommes tout de suite bien entendus. Ils font un excellent travail pour nous. »
Même si elle n’exclue pas une éventuelle visite sur nos terres, Maria et Alvaro n’ont jamais mis les pieds au Québec. « Les choses vont tellement bien pour nous sur votre territoire, nous aurions peur de gâcher la sauce », nous explique-t-elle en riant.
Même si elle assure qu’elle prendra la relève du paternel à sa retraite, le jeune femme n’a pas d’ambitions démesurées. « Je ne veux pas que l’entreprise grossisse trop. Je tiens à ce que nous puissions garder le contrôle sur tous les aspects de l’exploitation de façon à nous assurer de la qualité de nos produits. »
Pour assurer cette continuité, elle espère aussi réussir à convaincre sa sœur Teresa de revenir au pays. Celle-ci, qui est architecte, est présentement établie à Amsterdam. « Peut-être un jour, elle reviendra… » espère l’aînée. Souhaitons- le aussi! Ça libèrera peut-être suffisamment Maria pour venir nous voir, histoire de pouvoir mettre un visage sur ce rire éclatant.
Alvaro Castro Dão Branco 2017
Code SAQ : 13115270
Degré d’alcool : 13 %
Prix : 16,85$
Je ne prétends pas être un œnologue ou un expert de la chose vinicole. Je suis un amateur, passionné, mais amateur tout de même. Donc, dans cette chronique, je vous présenterai les vins que Madame ma conjointe et moi-même aurons apprécié – toujours dans une brochette de prix qui tourne autour des 20$ et disponibles à la SAQ – avec quelques notes sur les producteurs. Ne cherchez pas de cote d’appréciation. Si le vin est ici, c’est que nous l’avons aimé. Aussi simple que ça!
Acidité, minéralité, madame préfére avec des huîtres, des fruits de mer ou simplement à l’apéro?
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Les trois sont bons… À votre goût, Claire!
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