Même équipe, nouveau champion!

Descripteur des courses de vélo à RDS et reporter spécialisé en sport amateur, Sébastien Boucher prend la relève de François Parisien pour commenter le dernier tiers du Tour de France sur Polyblogue.

Le Tour de France vu par un Boucher…

Par Guy Bertrand

Montréal – Le 105e Tour de France aura encore une fois été l’affaire de l’équipe Sky… mais avec un nouveau leader. Prenant avantage d’une chute de Chris Froome dans la première étape, Geraint Thomas a mené une course brillante du début à la fin pour succéder à son célèbre coéquipier, troisième derrière le Néerlandais Tom Dumoulin (Sunweb), lui-aussi auteur d’un parcours sans faute.

Outre le jaune, les autres maillots sont décernés à Peter Sagan de la Bora (maillot vert, classement aux points), Julian Alaphilippe de la Quick Step (maillot à pois, classement de la montagne) et Pierre Latour de l’AG2R (maillot blanc du meilleur jeune).

Movistar et son dragon à trois têtes – Mikel Landa, Nairo Quintana et Alejandro Valverde – s’en tire avec le premier rang au classement par équipe.

Beau clin d’œil à l’entrée sur les Champs-Élysées. Le peloton laisse filer Sylvain Chavanel (Direct Énergie) seul en tête, lui qui en est à son 18e et dernier Tour de France.

C’est le Norvégien Alexander Kristoff (UAE) qui profite du sprint pour enlever l’étape ultime, devant John Degenkolb (Trek) et Arnaud Démare (Groupama-FDJ).

Nous voilà donc à l’heure du bilan de ce Tour 2018 avec Sébastien Boucher.

Guy Bertrand : Sébastien, je te demanderais d’abord un commentaire général sur le Tour et son gagnant.

Sébastien Boucher : La Sky a encore démontré qu’elle était l’équipe à battre. On est arrivé ici avec deux cartes à jouer et c’est Thomas qui s’est finalement imposé. L’équipe a laissé la route décider qui serait le leader. Thomas a évité les pièges en plus de gagner dans les Alpes, à la Rosière et à l’Alpe d’Huez. Il n’a jamais été près de la défaillance que l’on craignait. Quelle récompense pour lui qui a été au service de Froome pendant tant d’années! Personne ne le voyait gagner un grand tour, d’ailleurs certains doutaient encore dans les derniers jours. Donc, une grande victoire pour lui et son équipe.

Par contre, l’ambiance était vraiment bizarre, en raison de la présence de la Sky et de Froome. Nous en avons parlé au président de l’UCI, David Lappartient, et on a senti une pointe d’écœurement face à l’attitude de certains spectateurs. C’est correct de huer, mais de là à cracher ou même bousculer des coureurs, ça va trop loin. C’est le point négatif du Tour de cette année.

G.B : Quel est le moment clé du Tour de 2018? 

S.B : Pour moi, l’abandon de Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) est certainement un moment important. Il était quatrième au général et il aurait peut-être réussi à bousculer Thomas et la Sky. On aurait aussi certainement vu Froome défaillir un peu plus vite. Nibali a l’expérience et il a cette fougue qui lui permet d’attaquer d’un peu plus loin. Cela dit, le Tour a vraiment basculé dans les Alpes avec les deux victoires d’étape de Thomas.

G.B : Quelle étape va te laisser le meilleur souvenir?

S.B : Probablement celle de 65 kilomètres dans les Pyrénées. Si on excepte l’idée de la grille de départ qu’on peut certainement oublier pour l’avenir, celle-là a livré ce qu’on attendait, soit une belle bataille pour la victoire d’étape et des attaques intéressantes dans le groupe des favoris. C’est certainement une expérience à répéter.

G.B : Qui a été le coureur le plus courageux de ce Tour?

S.B : Dan Martin (UAE) a été élu super-combatif avec raison. Il faut aussi parler de Lawson Craddock (EF), Philippe Gilbert (Quick Step) et Nibali. Craddock a fait tout le Tour avec une fracture à une omoplate, Gilbert a roulé sur 59 kilomètres avec une fracture à la rotule et Nibali a terminé l’Alpe d’Huez avec une vertèbre fracturée. En ce qui concerne Martin, on dirait que rien ne peut l’abattre ou le décourager. S’il est en difficulté, il roule à son rythme jusqu’à ce qu’il rejoigne le peloton et dès que c’est réalisé, il repart à l’attaque!

G.B : Qui a été le plus impressionnant?

S.B : J’ai un faible pour Julian Alaphilippe (Quick Step). Il m’a impressionné par sa prestation en haute-montagne. Je le savais en mesure de bien faire sur une étape de ce type, mais il était là tout le temps! Comme les autres, il ressentait la fatigue, il était brûlé, mais il continuait. Il a terminé premier au sommet de quatre cols hors-catégorie, ce qui ne s’était jamais fait sur le Tour. Il est allé chercher son maillot à pois de manière magistrale en gagnant deux étapes. C’est un peu le tour de la confirmation pour lui. Il m’a vraiment impressionné.

G.B : Le plus surprenant?

S.B : Primoz Roglic (Lotto-Jumbo). Il va être déçu de sa quatrième place au général parce qu’il était sur le podium avant le contre-la-montre de samedi. Mais qui aurait dit qu’il ferait aussi bien? Il a quand même devancé Nairo Quintana, Mikel Landa, Romain Bardet (AG2R) et Dan Martin. On ne lui donnait pas de chances de faire le Top 10 et il s’est battu jusqu’au dernier moment pour une place sur le podium. Compte tenu qu’il n’a pas beaucoup d’expérience, c’est un bel exploit.

G.B : Le plus décevant?

S.B : Année après année, Nairo Quintana n’arrive jamais à menacer. Oui, il a gagné une étape de façon grandiose, mais il donne l’impression de n’être jamais devenu le coureur qu’il aurait pu être. Pourtant, la Movistar croyait avoir amené les coureurs pour pouvoir menacer la Sky, mais on n’a pas réussi. Romain Bardet doit aussi se poser beaucoup de questions. Il disait qu’il n’a pas connu de mauvaises performances, mais il n’a pas été en mesure de revenir sur le podium, en fait il n’en a jamais été près. À un niveau plus personnel, l’abandon de Nibali, même si ce n’est pas de sa faute, m’a déçu parce que j’attendais beaucoup de lui dans la troisième semaine.

G.B : Quel jeune a le plus de chances de gagner le Tour un jour?

S.B : Si je te dis Egan Bernal (Sky), je ne pense pas te surprendre. Marc Soler (Movistar) aussi. Soler a montré qu’il était un coureur complet en faisant un beau contre-la-montre samedi et il a aussi bien suivi en montagne. De son côté, Bernal a vraiment été dominant en montagne, mais il faut qu’il se spécialise un peu plus en contre-la-montre. Il n’est pas mauvais, mais il doit s’améliorer. On l’a vu lors des dernières années, il faut être très bon dans cette discipline pour espérer gagner le tour. 

BoucherSebastien_3799Sébastien Boucher a entrepris sa carrière professionnelle de journaliste en 2007, à RDS, où il est toujours. Il est descripteur des courses cyclistes du réseau depuis 2013 et a couvert tous les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal depuis leur création. Originaire de St-Ignace-de-Loyola, le reporter spécialisé en sport amateur, a assuré la couverture de grands événements comme les Jeux olympiques de Londres, les Championnats mondiaux de gymnastiques et plusieurs épreuves des Coupes du monde de ski alpin et de ski acrobatique.
Vous pouvez le suivre sur Twitter.

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