Jour de première pour Omar Fraile

Descripteur des courses de vélo à RDS et reporter spécialisé en sport amateur, Sébastien Boucher prend la relève de François Parisien pour commenter le dernier tiers du Tour de France sur Polyblogue.

Le Tour de France vu par un Boucher… Sébastien de son prénom

Étape 14

Par Guy Bertrand

Montréal – Pour cette 14e étape du Tour de France, on avait bien hâte de voir à quoi ressemblerait le final, alors que les coureurs devaient s’attaquer à la Côte de la Croix-Neuve, une montée abrupte de 3 km à 10,2 %, qui pouvait certainement causer des dommages.

Plusieurs petites attaques dans les premiers kilomètres mais ce sont finalement Sylvain Chavanel (Direct Énergie) et Thomas de Gendt (Lotto-Soudal) qui donnent le ton à l’échappée. Ils sont bientôt rejoints par Julian Alaphilippe (Quick Step) et bien d’autres suivront. Le groupe de tête compte sept coureurs au kilomètre 14. Ils seront rejoints par 25 collègues, dont Peter Sagan (Bora), six bornes plus loin.

Devinez qui va chercher le sprint intermédiaire de Bessèges, au kilomètre 90? Ceux qui ont répondu Sagan, passez au-devant de la classe.

Toujours très actifs depuis le début du Tour, Direct Énergie compte pas moins de cinq équipiers dans le groupe de tête, soit Chavanel, Lilian Calmejane, Jérôme Cousin, Thomas Boudat et Damien Gaudin.

L’échappée a une avance record (pour ce Tour) de 09’30 au début de l’ascension du Col de la Croix de Berthel (catégorie 2).

Le champion d’Espagne, Gorka Izaguirre (Bahrain-Merida), se lance à l’attaque à 3,5 km du sommet qu’il atteindra le premier, mettant cinq points dans sa besace.

Dans la descente, Izaguirre est rejoint par Tom-Jelte Slagter (Dimension Data) et Jasper Stuyven (Trek). Stuyven prend les devants au sommet du du col du Pont sans Eau (catégorie 3), bon pour deux petits points.

Le Belge de la Trek se détache de ses deux compères dans les 35 derniers kilomètres. À 10 km de l’arrivée, il a 1’50 d’avance sur un groupe de 19 poursuivants qui compte notamment Sagan et Alaphilippe.

Dans la montée de la Croix-Neuve, Omar Fraile (Astana) part à la poursuite de Stuyven avec De Gendt. L’Espagnol est cependant trop fort pour son compagnon de chasse qui n’arrive pas à suivre son rythme. À un kilomètre du sommet, au tour d’Alaphilippe de quitter le groupe de poursuite. Fraile est cependant en jambes, il rejoint Stuyven et passe au sommet le premier. Alaphilippe suit avec Stuyven, mais ce sera trop tard. À son premier Tour de France, Omar Fraile enlève une première victoire d’étape, qui en est aussi une première cette année pour Astana, tout ça sur le vélo québécois Argon 18.

Mais la course n’est pas terminée, puisque que le groupe des meneurs au classement général se pointe au pied de la Croix-Neuve avec 20 minutes de retard. Primoz Roglic (Lotto-Jumbo) lance l’attaque à un kilomètre du sommet. Gerain Thomas et Chris Froome (Sky) s’élancent à sa poursuite avec Tom Dumoulin (Sunweb) mais eux-aussi arriveront trop tard. Roglic réussi à aller chercher huit secondes sur le trio de tête au classement général.

Guy Bertrand : Sébastien, une course en deux temps. D’abord à l’avant un bel effort du Belge Stuyven, qui termine sur le podium mais qui est certainement quand même déçu…

Sébastien Boucher : Probablement très déçu, si près d’une victoire d’étape. Dominique Perras, avec qui je travaille l’avait dit. Ça lui prenait une bonne minute et demie au pied de la dernière côte. Mais Stuyven, c’est un gros physique, c’est un gars des classiques belges, c’était vraiment difficile à la fin. Omar Fraile a vraiment fait un bon coup. Il est parti au bon moment parce qu’il savait que s’il attendait trop longtemps, un coureur comme Alaphilippe aurait pu le battre. Ça aurait été bien pour Stuyven, surtout que c’est aujourd’hui la Fête nationale belge. Ça doit faire vraiment mal de se faire passer si près du sommet de la côte.

G.B : 20 minutes plus tard, on a vu le peloton se pointer, et Primoz Grolic est celui qui s’en est le mieux tiré…

S. B : Chaque seconde est importante pour le classement général, même si pour le moment, il y a de bons écarts. Grolic est quand même quatrième, lui qui avait déclaré, au début du Tour, qu’il n’était pas là pour le général. On sait qu’il est bon. Que vaut-il sur trois semaines? Ça, on ne le sait pas encore mais il est capable de faire un bon contre-la-montre. Donc, une bonne opération pour lui. Ce n’est que huit secondes mais il démontre aussi au trio de tête, Thomas, Froome et Dumoulin, qu’il est toujours dans le coup. Par contre, Romain Bardet (AG2R) en perd encore un peu. Ce n’est pas catastrophique, mais c’est quand même surprenant de le voir être lâché de cette façon dans la dernière côte.

G.B : Le Tour est maintenant complété aux deux tiers. Qui t’a surpris jusqu’à maintenant? Un des coureurs t’a particulièrement impressionné par son courage?

S. B : Le mot courage, je l’associe à Lawson Craddock (EF). Il a été victime d’une fracture de l’omoplate dans les premiers kilomètres du Tour et il est toujours là. On ne peut pas imaginer comment ce gars-là a pu souffrir lors de l’étape des pavés. Ça devait être épouvantable pour lui, cette journée-là. Pour ce qui est des surprises, on ne voyait pas Grolic en quatrième place au général à ce point-ci. On verra s’il peut tenir le coup lors de la troisième semaine. Geraint Thomas est aussi impressionnant. On n’avait pas l’habitude de le voir puncher comme il l’a fait à La Rosière ou à l’Alpe d’Huez. Il passe le message aux dirigeants de son équipe qu’ils devront se creuser la tête pour faire gagner Froome à la toute fin.

G.B : 15e étape demain entre Millau et Carcassonne, 181,5 km ponctués d’un col de catégorie 2 et d’un autre de catégorie 1 (08 h 30, RDS2). Que prévois-tu? Tes favoris?

S. B : Même scénario qu’aujourd’hui. On va laisser partir un gros groupe au sein duquel il n’y aura pas de coureurs bien placés au général. On jouera la victoire d’étape devant, et derrière on va se battre pour le général. Bataille intéressante à prévoir sur le Pic de Nore que les coureurs ne connaissent pas beaucoup puisque c’est la première fois qu’on y roulera sur le Tour de France.

J’aimerais voir un coureur comme Lilian Calmejane (Direct Énergie) s’imposer. Il a essayé aujourd’hui, sans succès. Mais il est sur ses terres, il connait le parcours et je le trouve agréable à voir courir. Il est agressif, il prend des risques. Il avait enlevé une étape en 2017 à sa première présence sur la Grande Boucle. J’aime ce type de coureurs, mais Julian Alaphilippe pourrait encore y être, notamment pour aller chercher d’autres points au classement de la montagne. Ça finit dans une descente, et le Français a prouvé qu’il pouvait bien s’en tirer dans ces conditions lors de l’arrivée du Grand-Bornand. Ce sera un baroudeur demain, mais il y en a plusieurs sur la liste qui peuvent espérer.

Sébastien Boucher a entrepris sa carrière professionnelle de journaliste en 2007, à RDS, où il est toujours. Il est descripteur des courses cyclistes du réseau depuis 2013 et a couvert tous les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal depuis leur création. Originaire de St-Ignace-de-Loyola, le reporter spécialisé en sport amateur, a assuré la couverture de grands événements comme les Jeux olympiques de Londres, les Championnats mondiaux de gymnastiques et plusieurs épreuves des Coupes du monde de ski alpin et de ski acrobatique.

Vous pouvez le suivre sur Twitter.

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