Gros sprint et grosse chicane, en attendant les pavés

 

Pour la durée du Tour de France, l’ancien coureur québécois François Parisien qui est aussi analyste à RDS, a accepté de nous livrer ses impressions à chaud, à l’issue de chaque étape.

Le Tour de France vu par un Parisien… – Étape 8

 

Par Guy Bertrand

Montréal – Pour célébrer le 14 juillet, les organisateurs du Tour de France avaient choisi Amiens, lieu de naissance du président de la République, Emmanuel Macron, comme ville d’arrivée de la huitième étape. Malheureusement, les feux d’artifice n’étaient pas au rendez-vous, les coureurs ayant décidé de prendre une autre « journée de congé ».

On passera donc rapidement sur cette journée pour parler surtout de l’étape de demain entre Arras et Roubaix, 156 kilomètres « agrémentés » de quinze secteurs pavés (RDS Info, 07 h 30).

Donc, pour revenir à aujourd’hui, au 23e kilomètre, Laurens ten Dam (Sunweb) se lance en avant, bientôt accompagné de Fabien Grellier (Direct Énergie) et Marco Minaard (Wanty). Ten Dam se relève au 36e kilomètre alors que les deux autres demeurent en avant jusqu’à 12 bornes de la fin. Grellier s’en tire avec le titre du coureur combatif de la journée.
Dan Martin (UAE) et Julian Alaphilippe (Quick Step) sont impliqués dans une chute à 17 km de l’arrivée. Incapables de revenir sur le peloton, ils perdront 1’16.

Au sprint final, Dylan Groenewegen (Lotto-Jumbo) va chercher une deuxième victoire d’étape d’affilée, alors qu’André Greipel (Lotto-Soudal) se chamaillait avec Fernando Gaviria (Quick Step) pour les deuxième et troisième places.

Guy Bertrand : François, tu as apprécié ce sprint?

François Parisien : Oui, ça été un beau sprint très animé. Dans les cinq ou six derniers kilomètres, il fallait vraiment être devant parce qu’il y avait beaucoup de virages. Le positionnement était très important. Pour ce qui est de la petite bataille entre Greipel et Gaviria, à l’arrivée, je n’ai pas de problème avec la première partie, quand Greipel se déporte à gauche pour tenter d’attaquer. Il se trouve à coincer Gaviria qui lui donne un coup d’épaule pour signifier sa présence et éviter la chute, ce qui est correct. Je n’ai pas aimé le second coup du Colombien cependant qui était inutile. Si j’étais un officiel, je reléguerais Gaviria en dernière position du peloton et je lui enlèverais aussi ses points pour la maillot vert (meilleur sprinteur). Cet épisode a fait perdre du temps à ces deux-là, Groenewegen a vu la porte s’ouvrir et a saisi l’occasion. (Les officiels ont finalement décidé de sanctionner Gaviria et Greipel, en les classant à la fin du peloton. Peter Sagan (Bora) et John Degenkolb (Trek) montent donc respectivement au 2e et 3e rangs de l’étape.)

G.B : Dur coup pour ton ami Martin et Alaphilippe aujourd’hui.

F.P : C’est une autre minute de perdue au classement général pour Martin, ça va commencer à être difficile pour lui. Va-t-il continuer à se battre pour le classement général ou il va se concentrer à essayer de gagner des étapes en montagne? On aura notre réponse après la journée de repos de lundi, alors que les coureurs entreront dans les Alpes. Ça pourrait aussi dépendre de l’étape de demain, avec les pavés. Il y a plusieurs autres prétendants au titre qui pourraient perdre du temps dans cette étape.

G.B : Que se passe-t-il avec Katusha et Marcel Kittel?

F.P : Le directeur sportif de l’équipe a ouvertement dit qu’il s’était fait imposer Kittel par le nouveau commanditaire Alpecin. Il doute aussi de son intérêt en citant un épisode, lors d’une réunion d’équipe, où sa star aurait préféré consulter son téléphone plutôt que d’écouter ses consignes. Cette mauvaise entente explique le manque de cohésion chez les Katusha. Il faut se rappeler que, l’année dernière, les dirigeants de cette équipe avaient aussi eu des problèmes avec Alexander Kristoff (maintenant avec UAE). On lui reprochait d’avoir trop pris de poids et de ne pas être en forme. Donc, on a un problème à gérer les leaders chez Katusha.

G.B : Quel est le danger principal qui guette les coureurs sur les pavés, demain?

F.P : Les bris mécaniques, les chutes et les pertes de temps. Sur ce genre de parcours, les voitures sont extrêmement loin des coureurs, alors on peut perdre beaucoup de temps d’autant plus que c’est beaucoup plus compliqué de revenir dans le peloton après une chute. Dans ce type d’étape, c’est plus chacun pour soi. Je m’attends à voir Geraint Thomas tenter d’attaquer. Ça va être difficile, surtout pour les coureurs qui ont un petit gabarit, et il y en a au sommet du classement général. Les petits grimpeurs, ça ne passe pas bien sur les pavés. Ça va brasser… enfin j’espère! (rires)

G.B : Comment les équipes peuvent-elles protéger leurs coureurs lors de ces étapes?

F.P : Il faut d’abord protéger les leaders et essayer de les garder devant. Quelques équipes, comme Sky, ont prévu le coup. Ils vont placer du personnel au début, au milieu et à la fin des secteurs pavés avec des roues et des vélos de remplacement, pour limiter le temps d’intervention en cas de coup dur. Avec une chute, sur les pavés, on peut tout perdre. On peut dire qu’au moins un coureur va voir sa place au classement général être pulvérisée, demain.

G.B : Les fan-clubs jouent aussi un rôle dans ces étapes-là?

F.P : Oui, parce que les équipes sont quand même limitées en terme de personnel. Les fan-clubs, le beau-frère, les amis, tout le monde sera mis à profit pour aider l’équipe.

G.B : Est-ce que les vélos sont différents pour les étapes de pavé?

F.P : On va voir des vélos avec des pneus spéciaux. Comme je te le disais, plus tôt cette semaine, Sagan va laisser de côté les freins à disque pour limiter le temps d’intervention en cas de problème à une de ses roues. On va aussi opter pour des pneus plus larges. Et pour les équipes qui roulent avec des vélos de marque Specialized, on pourrait revoir la suspension avant qui a été utilisée au Paris-Roubaix.

G.B : Tes favoris pour demain?

F.P : Sagan et le maillot jaune Greg Van Avermaet (BMC)

François Parisien est analyste du Tour de France à RDS. Coureur retraité depuis bientôt cinq ans, François a connu une belle carrière qui l’a notamment vu remporter le Championnat canadien sur route en 2005 et une étape du Tour de Catalogne, en 2013. Il est le premier cycliste québécois à avoir remporté une épreuve du UCI World Tour.
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