Le renoncement

Quelques jolies historiettes agrémentées de suggestions ensoleillées d’apéros

Par Guy Bertrand

Ah, l’amour filial! Quel papa ne l’a pas ressenti dimanche dernier à l’occasion du jour consacré au sacerdoce du chef de famille…

OK, stop, on ne s’excite pas!

Je sais, le chef de famille peut aussi être la maman. En fait, il peut être qui vous voulez. Je voulais seulement éviter d’écrire papa et paternel dans la même phrase.

Bon, on peut continuer?

Donc, je parlais de l’amour filial pour vous jaser de Cinzia Sommariva. Cinzia est la vigneronne du domaine familial, appelé judicieusement Sommariva, situé sur les collines de San Pietro di Feletto, au cœur de la DOCG* Conegliano Valdobbiadene Prosecco Superiore, en Vénétie.

Cinzia Sommariva au domaine familial / image: Rézin.com

L’appellation est assez récente quand on considère qu’elle est née en 1969, soit il y a 54 ans. Et c’est précisément à cette époque que Caterino et Urbana Sommariva se sont installés dans le coin en achetant quelques hectares pour y planter du Glera (dont le nom d’origine est Prosecco) en espérant que celui-ci remplisse ses promesses et arrive à produire un vin mousseux de calibre mondial.

Pari réussi! Quelques années plus tard, le domaine compte 50 hectares et le souhait de Caterino de planter des vignes dans les pentes les plus abruptes de la propriété se concrétise.

Mais bon, personne n’est éternel. Et les parents vieillissants espérent que la relève vienne de la famille. Et c’est là que Cinzia entre dans le portrait. Extrait de l’histoire du vignoble sur sommariva-vini.it traduit par moi-même :

« Le témoin a été repris par notre fille Cinzia qui, avec passion et détermination, a renoncé à sa profession de comptable pour se lancer dans l’entrepreneuriat agricole ».

C’est pas beau ça? Non, mais qui renoncerait à une passionnante carrière de comptable pour se lancer dans la vigne?

Les larmes me montent aux yeux…

Bon les comptables (beau-frère inclus), je badine. Prière de garder son indignation à domicile.

Tout ça pour dire que Cinzia nous offre aujourd’hui ce très joli Sommariva Brut qui tire à 11,5 % d’alcool, ce qui en fait un candidat parfait à l’apéro. Il compte 9,1 g/L de sucre résiduel, très bien intégré au produit. À 20,90 $, c’est une très bonne affaire.

*Denominazione di Origine Controllata e Garantita

Du tabac à la vigne

Soyez honnêtes… Combien, parmi vous, ont déjà bu un vin hongrois?
Je gagerais sur pas tellement…
Pas un pari difficile, présentement, la SAQ propose une vingtaine de vins hongrois sur son site.

Maintenant, combien d’entre-vous ont goûté un vin hongrois produit par un Canadien?

Alors là, si vous levez la main, j’ai presque le goût de vous offrir un t-shirt gratuit du Polyblogue. Malheureusement, comme vous le savez sans doute, presque, ça ne compte pas…

Mais revenons-en à notre producteur canadien de vin hongrois.

Robert Gilvesy grandit sur une ferme consacrée à la culture du tabac près du Lac Érié, en Ontario. Au cœur de son adolescence, ses parents lui annoncent qu’ils retournent en Hongrie, pays alors toujours membre du Pacte de Varsovie. On ne peut qu’imaginer la trépidation du jeune Robert à l’idée de quitter ses amis ontariens pour se retrouver de l’autre côté du Rideau de fer.

Robert Gilvesy / image : Rézin.com

De son propre aveu, il n’envisage pas d’y passer sa vie. Il se retrouvera éventuellement à Paris pour y pratiquer le métier d’architecte.

La chute du Mur de Berlin change tout pour lui. Il retourne au pays de ses ancêtres, où une visite dans la région du Mont Saint-George, près du grand lac Balaton, transforme sa vie.

Il tombe amoureux de ce coin aux sols volcaniques et de sa montagne où, selon la légende, se cachait un dragon. Oui, le fameux dragon occis par le même Saint-George. Il faut croire que son destin était déjà tracé, puisque son grand-papa György (George en hongrois), un catholique dévot, a contribué à l’érection d’une église dédiée au saint pourfendeur de bête ailée, à son arrivée en Ontario, dans les années 30. Et, en plus, on raconte que la montagne hongroise ou Robert habite maintenant a hérité de ce nom en raison d’une chapelle bâtie sur ses flancs et dédiée à qui vous savez… Si vous suivez.

Comme le disent les hongrois: « Minden mindeben benne van! »**

Le Mont Saint-George et ses environs circa 1934 / Image : Schermann Akos via Fortepan

Donc, vers 2010, Robert se porte acquéreur d’un petit domaine dont le cellier a été érigé en 1680 par la famille Lengyel.

Aujourd’hui, l’agence RéZin qui est à l’origine de cette dégustation, offre le St. George 2019 de Gilvesy, qui est un assemblage de Riesling (50 %), Welschriesling (20 %) et de Furmint (20 %).

Vin très frais, doté d’une belle acidité et d’un beau fruit (la pêche ?), je le voyais bien à l’apéritif. Mais c’était avant l’intervention de mon voisin de table, Alexis Rezvoy, Lyonnais d’origine, devenu superviseur du restaurant Darlington, abrité par le Courtyard-Marriott, au centre-ville de Montréal.

Alexis exprime que ce blanc accompagnerait parfaitement les fromages. Justement, il y en a un petit assortiment juste devant moi. Expérience concluante! Fiez-vous sur les Lyonnais pour avoir du flair gastronomique! Donc, le St. George avec le fromage ou à l’apéro… Un coup parti, pourquoi pas les deux. À 25,10 $ la bouteille, c’est permis.

** Traduction libre : « Toute est dans toute! »

Un gin de ma tante

J’avais déjà entendu parler du Gin de Matante, à travers les branches, mais sans plus. Le sommelier de RéZin, Patrick Blondin, m’a heureusement sorti de mon ignorance crasse.

Bon, premièrement, probablement que je ne vous apprends rien, mais cet alcool est à l’origine élaboré pour le groupe Au Pied de Cochon, de Martin Picard, avec l’aide de la distillerie Vice & Vertu et de RéZin.

Le produit proposé lors de cette dégustation est un cocktail prêt à boire, basé sur ce gin. Je ne suis normalement pas un consommateur de ces trucs prêts à boire. Pas le public cible. Mais, je dois dire que ce Gin de Matante Tonic Rhubarbe a capté mon attention. C’est frais, léger et pas trop fruité, ni trop sucré, comme plusieurs breuvages de cette catégorie le sont.

Image : Polyblogue

Vraiment très agréable. À 18,20 $ le quatuor de canettes, ce serait triste de ne pas lui donner une chance. Et, je vous confirme que ça se boit très bien quand il fait 30 degrés à l’ombre.

Cheers et bonne Fête nationale à tous!

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