Véritées (presque) vérifiées, Vermont, vélo et petite vedette

C’est dans mes habitudes d’être un peu dernière minute pour planifier des sorties avec Madame ma conjointe dont la patience est une grande qualité. Cette fois n’a pas fait exception à la règle. Quand je pense que l’on célèbre le même jour son anniversaire et notre anniversaire de rencontre… Je devrais me forcer un peu plus.

Alors, une semaine avant le week-end de la Fête du travail, je me mets (enfin) au boulot pour trouver l’endroit de rêve pour souligner cette double occasion.

Je ne suis absolument pas surpris de voir que tout ce que je recherche au Québec est déjà plein à craquer. Alors, l’idée me vient de me tourner vers le sud, et j’ai soudainement  le souvenir que nous avons maintes fois évoqué la possibilité d’aller faire du vélo sur les îles du Lac Champlain. Petite recherche Airbnb et tout de suite, je trouve un résultat intéressant. Je réserve aussitôt – c’est fou comme c’est facile maintenant – et nous voilà prêts à partir pour le Vermont.

En passant, peut-on trouver un nom plus approprié pour un État que celui-ci?

APARTÉ HISTORIQUE

Kite

S’il est établi que le narcissique explorateur Samuel de Champlain a donné son nom à l’immense étendue d’eau qui sépare le vert État de son voisin newyorkais, la légende qui lui  accorde d’avoir baptisé le territoire serait fausse. « Que de verts monts! », se serait alors exclamé Champ* avant d’ajouter, un brin devin : « Si ce territoire devait devenir un État dans un grand pays, bien fol celui qui donnerait autre nom que celui que mon illustre personne énonça à l’instant! »(1)

D’après la Société historique du Vermont, on devrait plutôt à un certain Thomas Young l’origine de Vermont, qu’il aurait décidé de traduire de l’anglais au français, sans qu’on connaisse la raison exacte de cette entourloupette linguistique. Il aurait simplement déclaré « I would be feeble-minded not to seize this unique opportunity to complicate everything and thus lose the chance to mystify and baffle future generations! »(2)

DE RETOUR SUR LA ROUTE

Le temps de vous raconter tout ça, nous voici de l’autre côté du poste de douanes de Rouses Point, NY, où le personnel prend bien le temps d’offrir un service personnalisé à chaque voyageur qui passe.

Une trentaine de minutes plus tard, après avoir parcouru une très jolie route, nous voici aux portes du Hibbard Bay Bed & Breakfast, à North Hero, où nous sommes accueillis par les joyeux aboiements de la petite Willow qui deviendra rapidement la vedette de ce court séjour. Petite chienne toute blanche, affectueuse, mignonne et enjouée, elle nous reçoit chaleureusement en compagnie de la plus réservée (et plus âgée) Muna. Essayant de contrôler ce joyeux cheptel, nous retrouvons Lisa, la charmante propriétaire des lieux, avec son conjoint Jamie, tout aussi gentil.

Lisa était traiteur dans une autre vie, propriétaire d’un entreprise florissante dans les montagnes du sud du Vermont. On voit rapidement qu’elle n’a rien perdu de son sens de l’hospitalité.

SOUPER AU BORD DE L’EAU

Puisqu’il est déjà 18 h 30, elle se doute bien que nous avons faim et nous donne tout de suite quelques adresses intéressantes dans un rayon de 10 km. Comme la soirée est magnifique, avec juste ce qu’il faut de fraîcheur, nous optons pour le Steamship Pier Bar & Grill, tenu par le North Hero House.

Directement sur le bord du Lac Champlain, l’endroit invite à la détente, d’autant plus que nous avons la chance de tomber sur un spectacle du duo formé de Christine Malcolm & Rudy Dauth qui nous offre un beau répertoire fait de folk, country et blues.

Duo

Rien de bien compliqué au menu, mais nous nous laissons tous deux tenter par le cocktail de crevettes (tout ce qu’il y a de plus classique) et le lobster roll, généreux et goûteux à souhait. Pour faire descendre tout ça, Madame y va avec un Chardonnay californien alors que je m’offre une très bonne Ale locale, la Switchback.

Après cette belle soirée en plein air sur le bord de l’eau, direction dodo, parce que demain on se dirige vers Burlington à vélo.

SUR LE VÉLO

Heureusement que nous allons faire du vélo parce que le petit-déjeuner que nous offre Lisa est spectaculaire. Fruits frais, scones, brioches, tarte aux mûres, petits muffins aux bleuets. Ça sent bon, c’est frais et délicieux. Il faudra pédaler fort pour ne pas retourner à Montréal avec quelques livres en plus!

À 09 h 30, nous nous dirigeons donc vers le petit stationnement incitatif qui donne accès à la piste cyclable. C’est assez simple à trouver. On suit la Route 2 vers le sud pendant 16,5 km, et juste après le Blue Paddle Bistro, on tourne à droite sur South Street. Quatre kilomètres plus loin, on prend Martin Road vers la droite sur un peu plus de 450 m et on tourne à gauche où on signale des emplacements pour pêcheurs.

C’était une bonne idée de partir tôt (oui, je sais, 09 h 30 ce n’est pas vraiment tôt mais puisqu’il faudra prendre aussi un traversier et que celui-ci commence ses activités à 10 h…). Il y avait deux voitures incluant la nôtre à notre arrivée, au moment d’enfourcher nos fidèles destriers, le stationnement était déjà presque plein.

On suit donc la piste sur deux kilomètres – attention aux nids de poule – jusqu’au moment où on débouche sur le Lac Champlain et qu’on arrive au traversier. Vraiment, là, il n’y a plus que la piste, le lac de chaque côté, et un beau grand vent de face (du moins au moment où nous y sommes présentés). Cette piste allant jusqu’à Burlington, il fallait bien laisser un petit passage pour les voiliers et autres embarcations qui naviguent sur cette vaste étendue d’eau. De là, le petit traversier qui passe ses journées à faire la navette entre ces deux minces bandes de terre. À la fin de l’été, il aura transporté quelques 30 mille personnes. Attention, lorsque vous arrivez, assurez-vous que le drapeau est en haut du petit mat. C’est de cette façon qu’il faut souligner au capitaine son désir de traverser.

Traversier

Cette formalité complétée, on dit au revoir à ce charmant couple équipé de Fat Bikes qui, se dit-on, va en arracher un brin avec Éole qui se déchaîne face à nous et on reprend la piste. Il nous reste encore cinq kilomètres à affronter ce vent dantesque avant de rentrer dans les terres et souffler un peu. Le reste de la promenade est très agréable. Jolis secteurs boisés, petit pont sur la rivière Winooski, beaux points de vue sur le lac et ses plaisanciers, après une vingtaine de km, nous voilà au Waterfront Park, à la hauteur du centre-ville de Burlington.

FARMER’S MARKET

Marché

Comme le disait le Grand Timonier de la révolution populaire chinoise, Mao Zedong : « Tsé, quand tu mènes une bonne vie… » (ou c’était mon chum St-Onge… je ne suis plus certain). Eh oui, City Hall Park est rempli de petits kiosques de marchands locaux qui offrent fromages, sucreries, fruits, légumes, saucisses grillées, crème glacée anarchiste, bref le royaume de l’épicurien doté d’un léger penchant vers la gauche.

Anarchistes

Nous voilà bien sustentés. C’est le moment que nous choisissons pour retourner en nos terres. Tels Lance Armstrong à l’époque du Dr Ferrari, nous battons tous les records poussés comme nous le sommes par le même vent que nous avions affronté à l’aller. Pour un peu, on aurait pu se passer du traversier et profiter de notre élan pour passer par-dessus le petit bras de mer qui se présentait devant nous. Mais Madame étant d’un naturel prudent, nous avons opté pour la petite barque.

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WILLOW SUPERSTAR

De retour au B&B, nous prenons l’apéro avec Lisa sur la terrasse. J’ai évidemment la caméra avec moi. Pas question de repartir d’ici sans avoir immortalisé les deux bêtes. Muna est plutôt indifférente à l’attention que je lui porte, mais attention, Willow va prendre le plancher. La grande vedette du Hibbard Bay B&B va jusqu’à prendre la pause!

Muna

Lisa nous avise immédiatement qu’elle fouillera les sacs avant notre départ pour s’assurer que nous ne repartons pas avec un souvenir. Précaution inutile puisque nos deux félins, un brin xénophobes, n’hésiteraient pas à bâtir un mur autour de notre hacienda plutôt que de lui accorder l’asile. Vilains petits disciples de vous savez qui…

LA DERNIÈRE CÈNE

Bon, on termine ce bref séjour chez nos amis Vermontois en s’offrant un souper sympathique à la salle à manger du Shore Acres Inn, à cinq minutes en voiture de Hibbard Bay. Le chef Dan Rainville nous fait plaisir en offrant des versions bistro de plusieurs de ces plats, c’est-à-dire une assiette plus raisonnable que la portion régulière américaine, normalement conçue pour feu le Géant Ferré. On suggérerait à Dan d’étendre l’expérience à l’entrée de salade de roquette, avant que la région n’ait à subir l’extinction de cette goûteuse feuille. Cela dit, la carte des vins offre une belle variété de choix à prix corrects. Belle ambiance, service impeccable. Comme l’écrirait Marie-Claude Lortie: « On y retourne… Si on repasse par là, bien entendu ».

À bien y penser, ne serait-ce que pour revoir Willow (soupir)…

*Les compagnons de Champlain le surnommaient Champ ou, plus rarement, Sam dans son dos, puisque celui-ci détestait les sobriquets.

(1)(2) Dr Pietro di Fogliatino et Dr Luc Prévost, Légendes et autres balivernes entourant le Sieur Samuel de Champlain,  Presses de l’Université de Napierville, 1976

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