Chavanel et Skujins sur les côtes, Sagan au final !

Pour la durée du Tour de France, l’ancien coureur québécois François Parisien qui est aussi analyste à RDS, a accepté de nous livrer ses impressions à chaud, à l’issue de chaque étape.

Le Tour de France vu par un Parisien… – Étape 5

Par Guy Bertrand

Montréal – Belle étape entre Lorient et Quimper qui a vu sept coureurs démarrer une échappée dès le septième kilomètre, soit Elie Gesbert (Fortuneo), Julien Vermote (Dimension Data), Jasper De Buyst (Lotto-Soudal), Toms Skujins (Trek), Nicolas Edet (Cofidis) ainsi que deux représentants de Direct Énergie, Lilian Calmejane et Sylvain Chavanel.

Chavanel et Skujins se sont partagés les points de montagne mais c’est le Letton qui en sort avec le maillot à pois et le titre du plus combatif de la journée alors que le Belge Greg Van Avermaet (BMC) conserve le maillot jaune au sommet du classement général.

Guy Bertrand : François, une belle finale au sprint qui a vu Peter Sagan (Bora) l’emporter. Est-ce qu’il y a encore un doute sur l’identité du meilleur sprinteur sur ce Tour ?

François Parisien : Ça dépend de ce que tu veux dire. Si tu parles du maillot vert, non, il n’y a pas de doute, Sagan est trois jambes au-dessus de tout le monde. Si on parle d’un sprint sur le plat, je crois encore que Fernando Gaviria (Quick Steps) est le plus rapide. Après l’étape d’hier, on demandait à Sagan comment faire pour battre Gaviria et il a répondu : « avec des côtes ».

G.B : Ce n’est pas un peu atypique pour un Colombien d’avoir des problèmes dans les côtes et d’être aussi rapide sur le plat ?

F.P : Oui, c’est particulier. Historiquement parlant, la Colombie a produit de très bons grimpeurs. C’est un nouveau courant en Colombie de découvrir le sprint. La montagne est tellement présente en Colombie que j’ai l’impression que les coureurs les plus habiles au sprint essayaient de se développer en grimpeurs. Je pense que Gaviria va motiver les Colombiens à investir dans le développement de sprinteurs.

G.B : Chavanel et Skujins ont animé le spectacle de cette 5e étape sur les côtes.

F.P : Non seulement Chavanel, mais l’équipe Direct Énergie est vraiment agressive depuis le début de ce Tour. On sent vraiment qu’ils ne sont pas là pour le général ou pour aller chercher un des maillots. Ils sont vraiment là pour animer la course, faire voir le maillot et du même coup faire de la publicité, ce qu’ils font à merveille. Même au sein de l’échappée au lieu de rouler tranquillement, ils continuent à attaquer et à se battre ce qui donne un bon spectacle pour les téléspectateurs.

G.B : Deux abandons importants avant cette cinquième étape : Axel Domont (AG2R) victime d’une fracture à la clavicule droite et Michael Matthews (Sunweb), qui est malade. Qui souffre le plus de ces abandons, Romain Bardet (AG2R) ou Tom Dumoulin (Sunweb)?

F.P : Je pense que c’est Romain Bardet parce que Michael Matthews, de toutes façons, ne peut pas épauler Tom Dumoulin en haute montage. Il peut s’en tirer en moyenne montagne ou dans des étapes vallonnées comme aujourd’hui. Ça commence à être compliqué pour Bardet. Les images en disaient long lorsqu’on a vu le visage du patron de l’équipe, Vincent Lavenu, à la caméra. C’est un dur coup pour l’AG2R. (…) On a quand même perdu quatre coureurs au total, hier, dont Tiesj Benoot (Lotto-Soudal) qui pouvait gagner aujourd’hui. C’est ça, le Tour de France : Beaucoup d’abandons et beaucoup de chutes. Les gars sont prêts à tout pour être en avant.

G.B : Avec 86 km à faire, Élie Gesbert est sorti de route dans une descente très rapide, à plus de 60 km/h. On aurait pu être témoin d’un accident tragique. Gesbert était en position de recherche de vitesse sur le vélo. Est-ce que cette position est trop dangereuse. Devrait-on l’interdire?

F.P : Je ne pense pas qu’on puisse l’interdire chez les coureurs professionnels. Ça arrive. Tu prends un trou et tu tombes. Ça fait un peu partie du métier. Un coureur cycliste est à la merci de la condition des routes. C’est une position précaire que l’on utilise habituellement lorsqu’il n’y a personne devant. Il a été malchanceux. Heureusement, il a évité les poteaux. Comme le soulignait Sébastien (Boucher, descripteur du Tour à RDS), il a quand même touché le sol à plus de 60 km/h. Comment fait-on pour déterminer s’il a eu une commotion cérébrale ? C’est inquiétant. J’ai hâte de voir le rapport médical, demain, pour savoir si Élie sera en mesure de continuer.

G.B : Un lecteur du Polyblogue, Pierre Pouliot, nous écrit : «Je remarque que les freins à disques sont de plus en plus présents dans Le Tour. Est-ce que les coureurs ont accepté cette nouvelle technologie pour les départs en masse ? Comment le dépannage commun comme Mavic réagit aux nouveaux freins?»

F.P : C’est une technologie qui est de plus en plus répandue. Mais certains coureurs n’en veulent pas toujours. Peter Sagan a déjà indiqué qu’il ne les utiliserait pas lors de la 9e étape, qui présente pourtant de mauvaises conditions poussiéreuses avec les pavés, là où ils devraient être les plus utiles. Pourquoi ? C’est que le dépannage est beaucoup plus rapide avec les freins normaux. Puisque les chances de crevaisons sont plus élevées lors de cette étape, d’autres coureurs vont aller dans cette direction.
Cela dit, Si on est à plus de 50 km de l’arrivée on va prendre le temps de changer la roue, mais lorsque l’on se trouve plus près de l’arrivée, on va simplement changer de vélo.

Pour le dépannage neutre, Mavic paie très cher pour la visibilité sur le Tour. Mais les coureurs ne prendront pas leurs vélos. Ils vont attendre la voiture de l’équipe parce qu’ils veulent avoir le vélo du fournisseur de leur formation. Le seul moment où ils pourraient l’utiliser, c’est à un moment critique, si la voiture de l’équipe est vraiment loin.

G.B : Demain, sixième étape de 181 kilomètres entre Brest et le Mur de Bretagne dont on fera deux fois l’ascension ? Ton pronostic ?

F.P : Aujourd’hui, je m’attendais à ce que les coureurs attaquent de plus loin et que la bataille soit un peu plus sérieuse au classement général. Je pense que le train apporté par la BMC et surtout la Sky, à la fin, était beaucoup trop rapide pour attaquer. Demain, cependant, je m’attends à ou j’espère que les coureurs commenceront à attaquer dès la première ascension du Mur de Bretagne pour créer des écarts et essayer d’isoler certains coureurs. Déjà, on a vu aujourd’hui que Richie Porte (BMC) n’avait que Van Avermaet près de lui. C’est un des problèmes de cette équipe pour le classement général de Porte. Quand les étapes deviennent dures, il est rapidement isolé.

G.B : Tes favoris pour demain ?

F.P : Alejandro Valverde (Movistar) et Julian Alaphilippe (Quick Step).

François Parisien est analyste du Tour de France à RDS. Coureur retraité depuis bientôt cinq ans, François a connu une belle carrière qui l’a notamment vu remporter le Championnat canadien sur route en 2005 et une étape du Tour de Catalogne, en 2013. Il est le premier cycliste québécois à avoir remporté une épreuve du UCI World Tour.
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